Le wheeling, comme un esprit de rodéo et de la liberté en bikelife

Rue de Rivoli, vous êtes-vous risqué un jour en vélo, vous faisant dépasser par un flot de jeunes de tous âges, enfoncés sur un selle vissée au plus bas, slalomant, campés sur leur roue arrière ?

Cette nouvelle discipline urbaine (qui a une dizaine d’années quand même) porte les codes transgressifs de rouler comme si le danger n’existait pas: on fait faire à un vélo à larges roues, entre BMX et trail, toutes les acrobaties aussi dangereuses que spectaculaires, sur la route, au milieu de la circulation. Ils sont parfois très jeunes, parfois on aperçoit une barbe poivre et sel, des visages cachés derrière une cagoule, certains protégés d’un casque, surtout muni d’une caméra Go Pro pour filmer les exploits, certains sont torses nus, d’autres couverts intégralement et ils roulent roue avant en l’air. Ne pas croire que quelques filles ne se risquent pas, elles font elles aussi des figures acrobatiques: un pied sur la selle, l’autre sur le guidon, jouant avec la gravité en plaçant les pieds partout sur le vélo sauf sur les pédales, enchainant les figures qui finissent par être gracieuses, à faire de ces vélos massifs et bruts un objet léger, stupéfiant par le fragile équilibre qui en définit son fonctionnement, pour autant qu’habituellement on impulse son avancée en pédalant pour lui donner de la vitesse et de l’équilibre. Pour les plus audacieux, il s’agit de rouler à toute vitesse sur cette unique roue, jouer de l’unique frein droit, et de frôler un obstacle (un vélib placé à l’envers, du décor urbain, voire une voiture ou parfois nous-même) en tournant à la dernière seconde et en zigzaguant à nouveau. La figure est spectaculaire et impressionnante, que l’on soit à côté à l’observer ou la cible de ce virage. Les chutes arrivent rarement pourtant, c’est dire que la pratique est maîtrisée et pratiquée sérieusement.